Croisement du Tige de Strée
Luc Toussaint, Carnet de voyage, suite 7, Carnet 6
Carnets de Voyage au Pays des Grands Lacs 2009
n° 6 mai 2009
Non je ne suis pas soûlard !
Ce soir, c’est avec Zao que je danse et que je chante « Non
je ne suis pas soûlard » et « Patron » puis son succès le plus
connu « Ancien combattant » que j’ai entendu la première
fois dans une discothèque de Bamako en 1983 puis que j’ai
retrouvé avec à DJ Gisèle en Roture le vendredi soir quelques
années plus tard.
Zao à Paris en spectacle
Zao, auteur compositeur interprète, Congolais de Brazza, il
est une de mes portes d’entrée en Afrique, une entrée en
fanfare par le Mali et le fleuve Niger –à lire ou relire « Water
music » de T-C Boyle. C’est le 20 novembre 1983 que j’ai
quitté Orly pour Bamako, un exemplaire de Libération
sous le bras : Reizer est mort ! Lui aussi, à sa manière,
m’a donné une clé d’entrée pour le monde et pour l’Afrique.
Merci l’ami, avec Coluche, Desproges et bien d’autres, vous
m’avez permis de conserver la curiosité, l’envie et
l’enthousiasme de la découverte de l’autre, avec amour,
respect et humour.
Non je ne suis pas soûlard et pourtant j’en suis déjà à mon
troisième Ouzo !
Les ouzo sont déjà loin, oubliés….
Sécurité routière !
Je reprends l’écriture en cette journée pleine de soleil et de
poussière, mercredi 10 juin !
Il faut que je l’écrive clairement car les choses ont changé
depuis 2 mois à Bukavu !
Le rouge de la région et les poussières suivront
Oui, et c’est très perceptible pour moi qui ai recours aux
taxis collectifs 2 à 3 fois par jour (350 FCongolais la course,
soit un peu moins qu’un demi-dollar. Le change est de 1 US
dollar pour 800 FC les bons jours !). Ils roulent plus vite et
cela occasionne des scènes nouvelles et inédites depuis 30
ans ! Je m’explique. Les travaux de rénovation d’une des
artères principales progressent bien. J’écrivais en avril qu’il
y avait quelques centaines de mètres (300 m maxi) de rues
asphaltées seulement et que le chantier était ouvert depuis
plus de 7 mois. Aujourd’hui, on peut voir une réelle évolution
car les véhicules, et notamment les taxis collectifs, peuvent
passer la troisième vitesse et atteindre les 50 km/heure
contre 10 à 15 auparavant sur un tronçon d’au moins 800 m !
Mais quelle surprise ! J’évoque la surprise et la course subite
et folle, que doivent entamer les piétons habitués depuis de
très nombreuses années à traverser d’un pas tranquille les
artères urbaines, au coup de klaxon heureux du chauffeur
qui, enfin, fonce !
La situation est d’autant plus périlleuse que la plupart des
voitures et que la totalité des taxis collectifs ont la conduite
à droite ! Bonjour les risques surtout en cas de dépassements !
C’est le cas également au Burundi. En fait, les voitures
achetées par 95 % des Nationaux proviennent de Dubaï,
achetées en seconde main, à prix moindre.
Oui, c’est bien cela. Mais que va-t-il se passer dans les tout
prochains jours sur ce boulevard (800 m) traversé de toutes
parts et sans cesse par des piétons qui n’ont pas encore
intégré le fait que la vitesse des voitures s’était adaptée à
l’existence du macadam ! Attention, danger ! Il va falloir
rapidement que le Gouvernement lance une campagne de
prévention des accidents à Bukavu. Il faut rappeler que
plus de 80 % de la population n’ayant jamais connu leur
ville avec des rues totalement en état, la campagne de
prévention sera utile et concernera du monde ! Mais qui
va lancer et financer cette initiative salutaire et humanitaire ?
Je tends la perche aux amis pour la création d’une ONG
chargée de la sécurité routière en RDC car il est évident
qu’avec la construction d’un réseau routier normal, le taux
de mortalité va monter en flèche dans toute la République.
D’accord, je vous ai entendu dire en chœur « Mais qu’est-ce
que tu attends pour agir, toi qui est sur place ? ». Je prends
contact avec le Ministre de la Santé dès cet après-midi pour
lui faire la suggestion ! Je suppose que 3Tamis – centre de
création audio-visuelle et de reportages vidéo - sera à la
hauteur pour réaliser une série de séquences d’information
et d’éducation à la sécurité routière, suivez mon regard…..
La poussière !
C’est la fin de la saison humide. D’après mes informations,
la saison sèche commence à la mi-juin, c’est bientôt. Alors
là, c’est très simple, pour rester présentable à la Belge, il
faudrait changer de chemise deux fois par jour !
Je repense à cette pub d’OMO, c’était au début des années 90,
OMO avait perdu des parts de marché importantes par rapport
à la concurrence d’ARIEL ! La campagne TV présentait des singes
qui parlaient un langage inventé pour la cause (sic) : « Touti
rikiki, maousse costo » puis une autre « Plus rokiki, big biscotto »
…..et si j’ai une bonne mémoire, la fin de la campagne disait
« OMO est là et crapoto basta ! ».… Je ne sais pas si OMO est
distribué en RDC, je vais vérifier, mais il semble que ce serait
la bonne idée : « Maousse costo » !
Devant la Pierre de la rencontre de Stanley et Livingstone
avec Orphée
D’abord, faut pas oublier ce que je vous ai dévoilé dans un
carnet précédent : si les coupures d’électricité sont fréquentes
(bonjour les dégâts pour les ordinateurs et autres engins
« sophistiqués » !), les chutes de pression d’eau sont aussi
nombreuses. Bref, on n’est jamais certain, sauf tard le soir, de
pouvoir prendre une douche !
Mais de quoi il se plaint celui-là ! Il est en Afrique, au soleil,
c’est-à-dire en vacances. C’est ce qu’il voulait ! D’ailleurs,
pourquoi est-il parti, pourquoi a-t-il quitté Liège, cette ville
ardente et merveilleuse, cette ville de la convivialité, cette ville
où il fait bon vivre, cette ville qui rappelle à beaucoup
« Le Carré », la fête, la guindaille, le plaisir et la joie de vivre !
« Une ville à croquer ! » . Quoi ? Tu dis quoi ?
Non ! Ce n’est pas le moment de me lâcher – quoique -,
ce n’est pas le moment de dire pourquoi Liège, ou plutôt ses
dirigeants m’ont ouvert une voie direct vers le cafard, une
voie à six bandes de circulation vers le monde, pour oublier
la tristesse, pour oublier la médiocrité, l’absence de projets,
l’absence d’idées ! Non, je ne veux plus déprimer, je ne
veux plus croiser ces gens qui n’ont aucune vision, ces gens
qui voyagent sans voir, qui participent à des missions, qui
assistent à des colloques, des congrès, des assemblées
sans ouvrir des yeux curieux, sans ouvrir des yeux critiques
sur le monde et sur « leur monde » !
Bien, je me ressaisis et je suis positif !
Et puis d’abord, vous les voyeurs – comme moi d’ailleurs -,
avez-vous ouvert un atlas, avez-vous surfé sur Google Earth,
comme je vous dit cent fois, pour découvrir la Région des
Grands Lacs !
Attention, « J’ai les noms ! » comme disait Coluche, « J’ai
les noms » de ceux qui n’ont pas levé le petit doigt pour
mieux comprendre ! D’ailleurs, ceux-là ne recevront plus ces
Carnets ! Tant pis pour eux ! Le monde appartient aussi
aux curieux, à ceux qui cherchent sans cesse, avec respect
et humilité, avec conviction et enthousiasme, à ceux qui
ont compris que tout reste à comprendre, à découvrir !
Bien, l’Amarula sur glace agit ! « Etre Positif, il disait ! »
C’est foutu !
Et en plus ce soir, France 2 programmait l’excellent film
«The Constant Gardener», à voir et revoir absolument !
Bref, le cafard garanti à tous les étages.
Mais revenons un moment à la poussière du Kivu et de
Bukavu. Elle est partout et s’élève au fur et à mesure de
la circulation grandissante du matin pour retomber quelque
peu et remonter de plus belle à partir de 15 heures. Car ce
n’est pas le vent qui soulève la poussière mais bien les
véhicules à moteur qui parcourent les rues et routes sèches
et rouges.
Toute la végétation devient brune et rouge, c’est selon le
quartier ou plutôt selon la couleur de la terre. Même les
grands arbres changent de couleur, et ce sera ainsi durant
toute la saison sèche, soit jusqu’à la mi-septembre !
A Bukavu, il faut avoir en poche deux GSM, parfois trois !
mais çà ce sera pour la suite....
Bonne journée et bonne lecture !